Marché des grains Céréales en baisse, le tourteau continue de grimper
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Le rouleau compresseur russe continue de peser sur les prix des céréales françaises. En Ukraine, les achats au départ des ports maritimes ralentissent à l’approche de la fin de la période d’ouverture du corridor sécurisé. Le prix du colza stagne entre la chute du prix du pétrole et les inquiétudes pour le soja en Argentine.
Les blés russes continuent de tirer les prix français vers le bas
Les prix du blé français se sont contractés depuis une semaine, passant de 288 à 280 €/t pour le rendu Rouen (échéance de mars 2023) et diminuant de 298 à 289 €/t pour le rendu La Pallice. Les mêmes prix exprimés en dollar ont également baissé, la parité euro/dollar s’étant stabilisée à 1,09.
Sur la scène internationale, les blés français sont sous la pression de l’origine russe qui se montre agressive. La Russie a en effet remporté le dernier appel d’offres de l’Égypte. Dans le même temps, ce pays a signé un nouveau record d’exportations de blé pour un mois de janvier, avec environ 3,8 millions de tonnes. Ce rythme soutenu témoigne de disponibilités importantes dans le pays.
En parallèle, les blés ukrainiens continuent d’arriver en Europe. Ils font également concurrence aux blés français sur le marché intra-européen. Les flux de l’Ukraine vers la Pologne restent importants, alors que les expéditions via le corridor maritime semblaient ralentir à la fin de janvier. Les inspections en Turquie prennent du retard, et les files de bateaux se rallongent. L’attention des acheteurs se tourne maintenant vers les offres par camion ou train à la frontière de l’ouest et vers les ports du Danube pour des livraisons sur la seconde moitié de mars. En effet, la période d’ouverture du corridor maritime se termine le 19 mars, et son prolongement reste incertain.
Les prix du blé ont en revanche augmenté aux États-Unis. Dans ce pays, les perspectives de rendements sont peu réjouissantes pour les blés d’hiver, leur état étant particulièrement mauvais dans l’Oklahoma et au Kansas. À l’inverse, les perspectives de récolte sont bonnes dans l’Union européenne.
En Ukraine, si les perspectives de rendements sont plutôt correctes, avec un hiver jusqu’ici sans incident, les surfaces se confirment en forte baisse pour la récolte de 2023. La diminution des expéditions de l’Ukraine sur le marché mondial du blé s’accentuera en 2023-2024.
Côté demande, le Fonds monétaire international a revu en hausse de 0,2 % ses perspectives de croissance du PIB mondial pour 2023 et 2024, et indique une réduction du risque de récession. Il n’en demeure pas moins que la croissance mondiale devrait être plus faible que la moyenne de la dernière décennie.
Les prix du maïs reculent, mais moins que ceux du blé
Le prix du maïs Fob Bordeaux a peu évolué cette semaine, se maintenant à 281 €/t tandis que le maïs Fob Rhin marque le pas, perdant 5 €/t, à 289 €/t. Les fortes disponibilités en blé font en effet pression sur les prix de l’ensemble des céréales. De plus, le retour des pluies en Argentine a offert un répit provisoire aux cultures. Néanmoins, les perspectives de récolte restent mauvaises dans ce pays, d’autant plus que des conditions sèches sont de nouveau attendues sur le mois de février. À l’international, les maïs origine américaine se sont ainsi maintenus à 303 $/t Fob Golf.
Le flux des exportations de maïs en provenance de l’Ukraine a diminué en janvier. Ainsi, 2,1 millions de tonnes auraient été exportées du 1er au 27 janvier, contre 3,1 millions de tonnes en décembre. Les retards dans les inspections de bateaux dans le cadre du corridor maritime expliqueraient ce ralentissement. Cela n’empêche pas les importations de l’Union européenne depuis l’Ukraine d’atteindre des niveaux élevés depuis le début de la campagne, ces flux se faisant en grande partie par voie terrestre.
Dans le même temps, les dernières prévisions font état d’une surface de maïs en Ukraine en baisse de 30 à 35 % pour la récolte de 2023, par rapport à 2022. Les disponibilités exportables ukrainiennes devraient donc être significativement amputées pour la prochaine campagne.
Si l’Ukraine se retire progressivement du marché mondial du maïs, il n’en va pas de même pour le Brésil. Le géant sud-américain a en effet exporté un volume record de 6,3 millions de tonnes sur janvier. Le marché du maïs compte sur cette origine pour combler le manque ukrainien en fin de campagne (période de juillet à septembre 2023).
Les cours du colza se stabilisent
Cette semaine, les prix du colza en France n’ont pas beaucoup changé. Rendu Rouen, ces derniers ont fluctué entre 532 €/t et 536 €/t, pour s’établir finalement à 535 €/t le 2 février. Le marché du colza en Europe reste sous la pression d’une offre record (récolte mondiale historiquement élevée et fortes importations de l’Union européenne). De plus, le colza a subi la pression du recul des cours du pétrole (de 7 % sur la semaine) et de l’huile de palme. Les prix du pétrole ont régressé, les stocks aux États-Unis étant remonté à fin janvier 2023 au plus haut niveau depuis juin 2021.
Par ailleurs, les pays de l’OPEP ont décidé de maintenir leur politique de réduction de la production, adoptant un profil prudent face aux incertitudes économiques. Le marché est toujours dans l’attente de signes positifs en provenance de la Chine, à la suite de sa réouverture et de l’abandon de sa politique zéro-covid. Les cours de l’huile de palme sont également en repli à cause d’une demande qui fait défaut. Entre décembre et janvier, les exportations malaisiennes ont chuté de plus de 26 %. Cela est notamment dû à la demande indienne, en baisse de 31 % sur janvier.
Ces éléments ont toutefois été contrebalancés par l’effet haussier sur les cours du soja de l’annonce de précipitations insuffisantes en Argentine pour les prochaines semaines. De plus, les cours du canola sur le marché à terme de Vancouver ont progressé (+16 à +18 $/t), soutenus par les bonnes marges de trituration, consolidant sa demande.
Tourteaux de soja : stress hydrique en Argentine et retour de la demande chinoise
Les prix du tourteau de soja ont repris des couleurs cette semaine. À Montoir, le cours a gagné 15 €/t, pour s’établir à 594 €/t, suivant le mouvement haussier des autres cotations. Sur le CBOT, le prix américain a en effet progressé de 16 $/t sur le rapproché, et le cours Fob Argentine de 14 $/t.
En effet, l’incertitude sur l’offre à venir du principal producteur de tourteaux de soja qu’est l’Argentine, continue de soutenir les cours. Malgré les récentes pluies enregistrées, la récolte argentine reste sous la menace d’un déficit hydrique, surtout dans la région centrale du pays. Au 1er février, selon la Bourse de Buenos Aires, près de 46 % des surfaces de soja étaient en mauvais à très mauvais état, contre seulement 20 % lors de la campagne précédente. Les pluies des derniers jours ont contribué à améliorer la situation et à faire baisser ce chiffre. Mais les précipitations éparses attendues sur les prochains jours pourraient détériorer l’état des cultures.
En parallèle, les opérateurs s’attendent à une demande chinoise un peu plus animée. Avec la fin des festivités liées au nouvel an chinois, la consommation de soja dans l’empire du Milieu devrait repartir, contribuant à soutenir les prix.
Dans l’Union européenne, malgré une demande en tourteaux de soja limitée par les épizooties et une faible attractivité face aux céréales, et aux autres tourteaux, l’offre locale reste faible. En effet, la fève de soja se voit concurrencée par les autres graines d’oléagineux dans les lignes de trituration européennes. Cela a aussi contribué à faire grimper les prix des tourteaux à Montoir.
À suivre : climat en Amérique du Sud (soja, maïs), conditions en Europe et mer Noire (céréales et colza), exportations ukrainiennes via le corridor maritime, prix du pétrole, parité euro/dollar, demande en huiles des pays émergents, situation économique mondiale
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